ANACRÉON (1754)

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Compositeur : RAMEAU, Jean-Philippe (1683-1764)
Auteur du texte : CAHUSAC, Louis de (1706-1759)
Création : 23 octobre 1754 - Théâtre de Fontainebleau

Genre : Acte de ballet
Catalogue : RCT 30 

Synopsis : 

 
Unbeknown to the old poet Anacréon, who has raised both of them, Chloé and Bathylle are in love. In order to the test their feelings, he prepares a celebration and announces his wish to marry Chloé. Anacréon observes their chagrin with secret pleasure, before reassuring them and revealing that he had planned all along for them to marry. They are wed, amidst splendid celebrations.

 
[Patrick Florentin]

1754/10/23 - Académie royale de musique - ANACRÉON (1754)

CHASSÉ
JÉLYOTTE, Pierre de (1713-1797)
FEL, Marie1734-1758 fl.

1754/10/23 - théâtre (Château) - ANACRÉON (1754)

DECHASSÉ, Claude-Louis-Dominique (1699-1786) [Anacréon]
JÉLYOTTE, Pierre de [Batyle]
FEL, Marie (1713-1794) [Chloé]

1766/8/29 - Académie royale de musique - ANACRÉON (1754)

LARRIVÉE, Henry [Anacréon]
LEGROS, Joseph (1739-1793) [Batyle]
LEMIÈRE, Marie-Jeanne, voir LARRIVÉE1733-1786 [Chloé]
DUPAR, Mr (1762-1770 ca fl.) [Égipan]

1909/7/17 - Château de Bagatelle (PARIS [ville]) - ANACRÉON (1754)

VAUTHRIN, Lucy [Chloé]
PLAMONDON, Rodolphe [Batyle]
MONYS, Ed. [Anacréon]
CHOEUR DE LA COMPAGNIE DES CHANTEURS DE SAINT-GERVAIS
ORCHESTRE DE L’OPÉRA DE PARIS
BALLET DE L’OPÉRA DE PARIS

Mercure de France

Mercure de France, décembre 1754, p. 197

« Le 23 l’Opéra représenta Anacréon, ballet héroïque nouveau en un acte, précédé du Mari garçon, Comédie de M. de Boissy, de l’Académie Françoise, qui fut représentée par les Comédiens Italiens.
Extrait d’Anacréon, nouveau Ballet en un Acte, de MM. de Cahusac & Rameau.
On s’est proposé dans ce ballet de peindre un caractere ; & celui d’Anacréon, le Poëte des graces & de l’enjouement, n’étoit pas aisé à développer sur le théâtre lyrique. Le nom d’Anacréon nous représente l’idée d’un vieillard, fort aimable à la vérité, mais c’est toujours l’idée d’un vieillard ; & un pareil personnage amoureux, ou comme le dit M. de C., jouant sans cesseavec les Amours, touche de bien près au comique, peut-être même au ridicule. Il falloit éviter ce premier écueil. On a mis en scène, à côté même d’Anacréon, Batyle, ce personnage si connu dans les chroniques du Parnasse. Il étoit indispensable d’imaginer des prétextes honnêtes qui pussent autoriser une pareille entreprise, & c’est ce qu’on a eu l’art de faire ici, par un plan théatral, qui a tout le mérite de la difficulté adroitement vaincue.
On suppose qu’Anacréon a élevé Batyle & Chloé, avec tous les soins & la tendresse de l’amitié. Ces jeunes enfans instruits par cet aimable Maître, faits l’un pour l’autre, ne se quittant jamais, s’aiment, se le disent, & croyent leur liaison tout-à fait ignorée. Anacréon a facilement apperçu leur intelligence, il en est flaté, & il s’en amuse. Voici comme il en parle dans le monologue qui ouvre la scène.
Myrtes fleuris, naissant feuillage,
Où Flore & les Amours ont fixé les zéphirs ;
Berceaux charmans, que votre ombrage
Me promet encor de plaisirs !
Deux cœurs que j’ai formés, qu’un doux penchant engage,
Pensent qu’Anacréon ignore leurs soupirs.
D’ici je vois leur trouble, & j’entens leur langage ;
J’alarme tour à tour & flate leurs désirs :
J’aime à jouir de mon ouvrage ;
Et cet innocent badinage
De l’hyver de mes ans embellit les loisirs.
Une grande fête se prépare, Chloé & Batyle doivent y chanter des vers nouveaux d’Anacréon ; mais on ignore quel est l’objet secret de tous ces préparatifs : Chloé arrive pour s’en informer.
Anacréon, qui dans son monologue a déjà annoncé une partie de son projet, ne lui répond que d’une maniere détournée, & par des galanteries legeres. Il lui dit enfin qu’elle est appellée par l’hymen pour former une chaîne digne d’elle, & bientôt après :
En vain le poids des ans me presse,
Mon cœur n’est jamais sans desirs ;
Au charme de vos yeux, au feu de ma tendresse
Je dois ma vie & mes plaisirs.
C’est Hébé, sous vos traits, qui me rend la jeunesse.
Chloé, qui connoît Anacréon, craint avec raison que cet hymen ne le regarde : le vieillard jouit de son trouble, & pour l’augmenter, il lui adresse ce discours équivoque en la quittant :
Auprès de cent beautés que j’aimai tout à tour,
L’amour a rempli mon attente ;
Mais ce jour est mon plus beau jour,
Chloé, j’y veux former une chaîne constante,
Qui de tous ses bienfaits m’acquitte envers l’amour.
Au moment qu’Anacréon sort, Batyle paroît : dans l’enchantement que lui causent les vers dont Anacréon l’a chargé pour la fête qu’on prépare, il apperçoit Chloé, & dans son enthousiasme, il lui dit :
Ah ! ma Chloé, daignez entendre
Ce que je chante dans nos jeux.
Et tout de suite il chante :
« Des zéphirs que Flore rappelle
« Je voulois chanter le retour.
« Je vis Chloé : qu’elle étoit belle !
« Je ne pus chanter que l’amour.
« Je lui consacrai dès ce jour
« Tous mes vœux, mes vers, & ma lyre.
« C’est pour Chloé que je respire,
« Je ne chante qu’elle & l’amour.
Batyle alors tourne ses regards sur elle : il la voit fondante en larmes ; il frémit. Elle lui déclare le dessein d’Anacréon. Les vers que Batyle vient de chanter, le lui confirment ; ceux qu’elle doit chanter elle-même en sont une preuve nouvelle. Ils sont en effet, les uns & les autres, tournés de façon qu’ils peuvent convenir & à la position qu’ils craignent, & au but secret d’Anacréon. Cette scène vive & touchante est interrompue par la fête. La jeunesse de Théos environne Anacréon, qui joue de sa lyre, le couronne de roses, & le pare de fleurs nouvelles. C’est là qu’on a placé quelques traits de la philosophie aimable d’Anacréon. Il dit au milieu de cette jeunesse, que le plaisir anime :
Mettre à profit tous les instans
Est l’unique soin du vrai sage.
Il naît des fleurs dans tous les tems,
Il est des plaisirs à tout âge.
Et plus bas,
Des caprices du sort je crains peu les retours ;
Je jouis du présent, j’en connois l’avantage.
Je retrouve au déclin de l’âge
Les jeux rians de mes beaux jours.
Livrons au doux plaisir chaque instant qui nous reste,
Et courons au terme funeste,
En jouant avec les Amours.
Cependant Anacréon ne perd point du vûe Batyle & Chloé : ils sont l’un & l’autre dans un trouble dont il se plaît à jouir. Tous ces préparatifs, ces fleurs dont on le pare, les vers qu’ils sont chargés de chanter, leur inspirent des alarmes qu’il redouble en pressant Chloé de commencer.
Il y a dans cet endroit une scène de très peu de vers, tendre & badine de la part d’Anacréon, théatrale & naïve de la part des deux jeunes amans, qui conduit enfin à l’explication suivante.
ANACRÉON
J’ai voulu quelque tems jouir de vos soupirs.
Rendre heureux ce qu’on aime est l’amour de mon âge.
Qu’à former vos deux cœurs j’ai goûté de plaisirs !
Mais c’est en comblant vos desirs
Que je couronne mon ouvrage.
En chantant les derniers vers, il les unit ; & ce dénouement heureux est suivi d’un divertissement aussi neuf que saillant.
La Ferme du fond s’ouvre. Une terrasse qui forme un second théâtre est remplie de jeunes Danseurs qui suivent les mouvemens du ballet qu’on voit sur le devant du théatre. Cette fête est formée par une troupe de jeunes Théoniens, qui représentent une orgie galante. Le ballet, dans lequel on a vû successivement des pas de 2, de 3, de 4, & de 7, fort ingénieux & très gais, sans cesser d’être nobles, est pour la musique & la danse de la plus forte & de la plus agréable composition, & il est terminé par un chœur de bacchanales, digne de la réputation de M. Rameau. Ce sont MM. De Chassé & Jeliote qui ont rempli les rolles d’Anacréon & de Batyle. Mlle Fel étoit chargée de celui de Chloé.
Le 26, Anacréon fut donné pour la seconde fois avec Cenie, comédie de Mad. de Graffigni ; & le 29 l’Opéra, sans avoir besoin d’une plus longue préparation, représenta pour la premiere fois Daphnis & Alcimadure, pastorale Languedocienne, en trois actes, précédée d’un prologue. »

Correspondance littéraire (Grimm)

Correspondance littéraire […] depuis 1753 jusqu’en 1769, par le baron de Grimm, 1ère partie, Tome 5, 1766, p. 296

« L’Académie royale de musique, d’ennuyeuse commémoration, vient de donner trois actes détachés et nouveaux, sous le titre de Fêtes lyriques. […] Le second est un ouvrage posthume de Rameau. C’est peu de chose. Cet acte s’appelle Anacréon. On y voit ce poëte, dans sa vieillesse, s’amuser des amours de deux jeunes enfans dont le sort dépend de lui. Il fait croire à Chloé qu’il est épris d’elle, et Chloé n’a rien à refuser à son bienfaiteur ; mais cela la rend excessivement malheureuse, ainsi que son amant, le jeune Bathyle. Anacréon, après avoir joui quelque temps de leur inquiétude, les unit. Cela est froid, plat, sans finesse et sans grâce. Il fallait donner ce canevas à l’illustre Métastasio, qui en aurait fait une fête théâtrale charmante ; mais feu Cahusac, qui est mort fou sans avoir vécu poëte, n’est pas un Métastasio français. Il y a cependant des gens qui lui contestent la propriété de cet acte, parce qu’ils l’ont trouvé un peu mieux écrit que ses autres platitudes. »

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