PREMIER LIVRE DE PIÈCES DE CLAVECIN
Description générale
Compositeur : RAMEAU, Jean-Philippe (1683-1764)
1ère édition : 1706
Genre : Livre de Pièces de clavecin
Catalogue : RCT 1
La première œuvre écrite par Rameau fut confiée au clavecin, sous la forme d’un recueil de dix pièces publié à Paris en 1706, et accompagné d’une petite table d’ornements. Rameau, alors âgé de vingt-trois ans, a quitté Clermont, dont il tenait les orgues de la cathédrale, pour s’installer à Paris à la recherche de poste d’organiste et pour mieux entendre le maître qu’il admirait tant : Louis Marchand. Dans ce premier recueil, Rameau reste attaché au modèle de la suite de danses, tout en étant tributaire du style de Marchand et d’Anglebert. Cependant, de nombreuses innovations dévoilent un style personnel qui apparaîtra de manière décisive dans les ouvrages suivants.
Prélude
Le Prélude qui ouvre ce recueil est un hommage direct à Louis Marchand puisqu’il débute par une partie non mesurée, sous forme d’une magnifique improvisation, dans laquelle résonnent les accords de 7e, 9e et 11e, suivie d’une gigue à l’italienne truffée de dissonances.
1ère et 2e Allemande
Deux Allemandes viennent ensuite : la première adopte une allure noble et grave avec des longues phrases de doubles-croches, dans le style de d’Anglebert, claveciniste réputé dont le premier ouvrage imprimé comportait déjà une table d’ornements indiquant la manière de les exécuter ; la seconde reprend la même ligne mélodique avec plus de légèreté.
Courante
La Courante reste très proche de la 2e Courante de la Suite en ré mineur de Marchand, non seulement à cause de l’accord de quinte au début du morceau, mais également dans le choix de l’allure et la tessiture.
Gigue
La Gigue, qui est décrite par Cuthbert Girdlestone, biographe de Rameau, comme sautillante et « contrapuntale », adopte une coupe binaire avec les mêmes imitations aux deux mains. Elle est dotée d’un développement et d’une densité surprenants pour l’époque.
1ère et 2e Sarabande
Dans les deux Sarabandes, Rameau s’éloigne de l’architecture dévolue à ce style de danse en transformant la première en un air tendre, sans appui sur le deuxième temps, enchaînée à la seconde, qui l’imite dans le mode majeur.
Vénitienne
La Vénitienne, avec son rythme balancé, est certainement un souvenir de l’opéra homonyme de Michel de la Barre (1705). Avec cette pièce, Rameau utilise pour la première fois la forme du rondeau.
Gavotte
La Gavotte à trois voix, empruntée à Louis Marchand, d’aspect énergique, occupe tout l’espace du clavier. Rameau y démontre sa parfaite maîtrise de la variation, comme en témoigne le dernier refrain de la pièce.
Menuet
Le Menuet qui termine ce livre, d’une manière élégante et simple, invite l’interprète à le compléter par des variations improvisées dans l’esprit du morceau précédent.
[Patrick Florentin]