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Querelle des Bouffons

La Querelle des Bouffons éclata à Paris en 1752 à la suite de représentations données par une troupe de « bouffons » italiens. Ceux-ci firent connaître au public parisien le genre de l’opera buffa alors très en vogue en Italie (en fait des intermèdes comiques insérés entre les actes d’opera seria). Les détracteurs du grand opéra, les philosophes et les encyclopédistes en tête, profitèrent de l’engouement suscité par ces ouvrages – et notamment La Serva Padrona de Pergolèse – pour condamner le théâtre lyrique français, qu’on jugeait suranné et grandiloquent aussi bien d’un point de vue littéraire et théâtral que musical. Rousseau, Diderot, Grimm, d’Holbach furent les grands agitateurs de cette dispute, plus théorique qu’artistique. Les attaques contre l’Académie royale furent telles, que deux clans se formèrent alors dans le parterre : les partisans des Bouffons dans le « coin de la reine » et les défenseurs de la tradition nationale dans le « coin du roi ». Pour soutenir son parti, l’Académie royale fit représenter divers ouvrages à succès représentatifs du style français, comme Les Fêtes grecques et romaines de Colin de Blamont ou Titon et l’Aurore de Mondonville. Elle misa également sur les figures inattaquables que représentaient Rameau et les chanteurs Jélyotte et Mlle Fel. La querelle prit fin avec le départ des Bouffons en 1754. Tout en favorisant la naissance de l’opéra-comique (Le Devin du village de Rousseau en 1752 ou Les Troqueurs de Dauvergne en 1753), cette querelle raviva les discussions entre partisans de la musique française et ceux de la musique italienne, qui existaient depuis près d’un siècle. Attentive à cet épisode marquant, la direction de Francœur et Rebel (1757-1767), tout en continuant à maintenir en vie l’ancien répertoire (et Lully tout particulièrement), ouvrit ses portes aux auteurs modernes comme Monsigny (Aline reine de Golconde) ou Philidor (Ernelinde princesse de Norvège).